au bonheur des bals !
Vous avez sans doute cru que j'avais chaussé mes skis, et ben non, j'avais juste enfilé mon costume de femme à tout faire pour les autres mais pas pour moi. Mais me voici reviendue en bonne et due forme et j'avais envie de vous parler d'un temps ... où la sortie du samedi soir se résumait... au bal.
Dans nos campagnes, lorsque l'heure n'était pas encore aux boîtes de nuit, la seule distraction qui s'imposait en fin de semaine, était le bal. J'en ai fait quelques uns, lorsque j'avais environ 14 ans, parce que j'allais quelquefois passer le week-end chez ma cousine qui habitait en pleine campagne, à 35kms de Paris. Autant préciser que maintenant, c'est devenu la banlieue de Paris. La vie se transformait pour une soirée. C'était l'évènement, savoir comment s'habiller, se coiffer et se maquiller. Bien sûr cela peut sembler risible. L'avantage, c'est qu'on y allait, non pas que pour boire danser, mais aussi et surtout pour y faire des rencontres. Ben oui, parce qu'aujourd'hui pour faire des rencontres en boîte et que ça dure, c'est comme Meetic sortir de la crise, ça tient du miracle !
Avec mes yeux de jeune catho coincée bien sous tout rapport, je m'amusais à faire comme les grandes, à utiliser les crayons à yeux super mode, bleu ou vert, les blush bien roses. Le brushing impec, les aisselles rafraîchies, nous pénétrions telles des stars dans la salle de bal. Et nous partions en repérage. 15 tours de piste bras-dessus bras-dessous entre filles. Nous choisissions et élisions les plus belles gueules pour le moment tant attendu où l'orchestre nous jouerait des slows. Nous recommencions notre virée dans la salle, soutenant le regard des uns et fuyant celui des autres...Bon alors on atterrit. Parce qu'à 14 ans, il n'y avait que les petits jeunes boutonneux qui s'intéressaient à moi. 2 ans plus tard, j'en avais repéré un dès mon arrivée, le plus beau du lot, 18ans , brun ténébreux. Apprenti plombier de son métier, il m'a fait passer une soirée mémorable à la fois sur et hors piste. Mais c'est pas ce que vous croyez, non, nous c'était l'époque de "un baiser contre ta gourmette"...
Voilà ce qui était bien, c'est qu'on pouvait danser, discuter et rigoler. Il n'y avait pas de barrière d'âge, de caste sociale, de formatage des danseurs et des danseuses. Il y avait toujours et surtout l'orchestre qui nous faisait tenir toute la nuit. Des vrais musiciens capables de se donner un max de 22h à 5h du mat (vous en connaissez beaucoup qui tiennent ce rythme?), des pros de l'improvisation, réceptifs à nos moindres demandes musicales (même les pires). Et on s'éclatait, on se marrait !
Bon après, les années aidant, j'ai fait mes premières virées en boîte. Les platines ont remplacé les musicos. C'était assez rigolo et chaleureux. Il faut dire que c'était la fin des années 70, pour ne pas dire le début des années 80. C'était le temps où l'on pouvait encore s'entendre lorsqu'on se parlait, où l'on dansait tous ensemble, en s'amusant comme dans les bals. Il n'y avait pas encore le tri sélectif à l'entrée, ni le clonage des fringues à savoir la panoplie indispensable de sortie en boîte. Evidemment pas de téléphone portable, il fallait seulement avoir des poches. Ben oui, parce qu'à la fin de la soirée, on avait une multitude de petits papiers avec tous les numéros de téléphones. Et pour se rappeler lequel était lequel il fallait user de stratagèmes. Moi je les notais par rapport aux chaussures ou aux bottes qu'ils portaient. Sauf si un m'avait vraiment tapé dans l'oeil auquel cas, je jetais tous les autres petits papiers...
Eh oui, c'était le temps où l'on n'avait pas encore besoin de faire partie du même monde ou du même milieu pour se marrer. Certes, tout n'était pas parfait. Loin de moi l'idée de faire de nos sorties de jeunesse des moments à 100% idylliques, quoi que lorsque sur la piste s'avançaient de bons et beaux danseurs, ça valait vraiment le coup :
Vous souriez sans doute, vous imaginez qu'un coup de nostalgie est venu s'abattre sur moi, ben je vous rassure : vous avez tout faux, pas de regrets. Juste l'idée, l'envie que mes jeunes puissent s'amuser autant que nous au même âge. Qu'ils puissent apprécier la musique en en écoutant de la bonne, jouée par de vrais bons musiciens et surtout, surtout, qu'ils se radicalisent et laissent faire leur imagination loin de tous ces vampires de l'industrie musicale actuelle, parce que ça :
c'est quand même mieux que Nikos et sa Star Ac.!
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