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Le Bistrot de la Garce
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12 juin 2009

Moi, mon truc c'est le pinard !

Je ne dirais pas comme Obélix, que je suis tombée dedans quand j'étais petite, mais pas loin...

Il existe plusieurs types de famille, celles avec et celles sans. Nous c'était avec. Du vin sur la table, à chaque repas. De là à croire que je suis une ivrogne, je vous arrête de suite. Je n'ai jamais bu sans apprécier. Mais j'ai été initiée. Mes parents avaient des goûts très prononcés pour le très bon vin. Surtout pour le bordeaux. Mon père adorait ouvrir des une très bonne bouteille lorsque l'on recevait. Et chez nous, on invitait souvent. Il faut dire que lorsque j'avais 13 ou 14 ans, c'était encore l'époque de l'économie euphorique et mes parents ayant chacun une situation professionnelle confortable, il y avait souvent du monde à la maison. Et qui dit monde, dit bonne cuisine et bonnes bouteilles.

Ma mère était donc un parfait cordon bleue et mon père un magnifique caviste. Sauf que la cave n'était jamais remplie bien longtemps. Petite, j'ai toujours été attirée par les étiquettes sur les bouteilles. Puis, en grandissant, par la couleur du vin dans les verres. Ajoutez à cela, un goût prononcé pour la géographie et vous pourrez facilement imaginer que le vin et moi étions faits pour nous entendre.

J'ai donc appris à découvrir les divers bouquets au fur et à mesure et à aimer les différentes appellations. Le Médoc avec ses Saint Estèphe, Pauillac, Saint Julien ou Margaux et son...Médoc; les Graves avec ses Sauternes,  Graves, Pessac Leognan, Premières Côtes de Bordeaux; les Côtes avec ses Saint-Emilion, Pomerol, Fronsac puis l'Entre Deux Mers ... Bref, si vous voulez situer vos goûts, c'est ici :

bordeaux_carte

J'aurais pu rester une fidèle de fidèle aux grands crûs bordelais. Par chance, à l'aube de mes 17 ans, ma meilleure amie, a été contrainte de suivre suivi ses parents qui furent mutés en Bourgogne, plus exactement à Pouilly en Auxois. Elle ne l'a pas très bien vécu à l'époque et pour cause, elle quittait la capitale pour se retrouver dans un bled, à 7 kms de Pouilly, où l'on comptait plus de bovins que d'êtres humains. Cela a-t-il eu une incidence sur le reste ? Ses parents étaient un peu comme les miens, ils appréciaient les bonnes choses. Comme je me rendais régulièrement chez eux, et qu'ils s'étaient constitués une cave, j'ai découvert le vignoble bourguignon et j'ai aimé. Cela a l'air sans doute ridicule, mais ce n'était pas évident. L'odeur, la texture, la couleur, la matière, tout divergeait. Alors j'ai appris, petit à petit, à découvrir les Gevrey Chambertin, Nuits St Georges, Vosne Romanee, Pommard puis un peu plus bas les Chirouble, Juliénas, Saint Amour,  Brouilly ou Morgon.

romanee_021b

Bien sûr cela ne s'est pas fait en un jour et non sans mal. Mes premières visites dans les caves, ont bien failli me coûter cher. Je ne savais pas qu'il fallait recracher après chaque dégustation. Vous avez déjà testé, vous, la visite des caves en plein été, lorsqu'il fait bien frais à l'intérieur et super chaud à l'extérieur ? Je vous le déconseille, sauf si vous n'avalez pas le précieux nectar. Oui mais, si le vin est délicieux, on n'a pas forcément envie. Un ami, un jour, devant mon désarroi, m'a entraîné à le suivre en cours d'oenologie. J'ai donc appris à observer le vin, à l'agiter, puis à le renifler, à donner mes impressions à haute voix avant d'apposer mes lèvres sur le verre pour en absorber juste la quantité nécessaire. Puis à le faire tourner dans ma bouche pour m'en imprégner. Une véritable révélation.

Alors, à ceux qui m'ont posé la question, pas envie de faire un choix entre l'un ou l'autre. Suis-je plus Bordeaux ou Bourgogne ? L'histoire, elle, donne un avantage au second. Ce sont en effet les moines bénédictins de Citeaux qui ont exploré les sols et ont trouvé ceux qui produiraient le meilleur vin. En 1395, Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, ordonna l'arrachage du Gamay et imposa un cépage unique, le Pinot Noir. Puis, profitant des réseaux commerciaux des moines cisterciens, le bourgogne se vend dans le Nord de l'Europe, en Ile de France, à la Cour Royale où son rival est le ... champagne, un vin rouge léger, fruité issu de Pinot Noir. Mais le bourgogne, toujours par la voie catholique, est également le vin des cardinaux et du pape. Lors des guerres de religion, les vignerons se rangeront aux côtés des catholiques, évidemment. Le bordeaux, lui, commence à émerger au 12è siècle. Aliénor d'Aquitaine, séparée de Louis VII, se recase avec Henri II, futur roi d'Angleterre. De cette relation, les bordelais tirent un privilège exorbitant: ils obtiennent que les vins de l'arrière-pays n'aient plus accès au port de Bordeaux. Dès lors, leurs vins, eux, vont conquérir le marché des îles Britanniques et du Nord de l'Europe par bateaux. Au départ, les vignes ne poussaient que sur la colline de Saint-Emilion. Mais devant le succès, on commence à planter dans les Graves, les terres pauvres, puis on monte sur le Médoc, au nord. Le privilège acquis grâce à Aliénor perdurera jusqu'à la Révolution Française. Pendant ces cinq siècles, des fortunes vont se bâtir, les aristocrates gascons achètent de vastes terres qu'ils transforment en domaines.

Pas envie non plus, d'opter pour la sensualité de la bouteille bourguignonne ventrue et de son verre bedonnant, face à l'austérité de la bordelaise si sobre et de son verre droit, resserré au col. Non, tout ça ne me fera pas changer d'avis, j'aime les bons vins, des zones géographiques opposées. Lorsque j'en déguste un, je suis très attachée à ce que je peux lire sur l'étiquette car c'est quand même là que toute l'histoire commence.

hospices_pommard1969

Je n'achèverai pas ce billet sans vous dire que j'aime toutes les couleurs blanc, rouge, rosé. Oui, j'ai un faible pour le Chablis et une admiration pour la Rolls du rosé, le  domaine d'Ott. J'ai une préférence pour le Pommard ou le Saint Estèphe mais je commence à apprécier sérieusement les vins de l'Hérault. Je suis très heureuse et soulagée que l'Europe ait dit non au rosé coupé, rien ne vaut  l'original, sinon il pourrait arriver ça. Eh oui,  même le grand James s'est fait avoir...


Bond, victime du rosé cuvée bullocrate de Bruxelles

Mais mon grand bonheur, est de compter parmi mes très très proches, un fin connaisseur, amateur et grand propriétaire de très belles bouteilles,  alsacien qui m'a fait tomber en amour des grands crûs de sa région. Mais ceci fera l'objet de mon second billet, car si je vous ai mis "l'eau à la bouche", il faut savoir apprécier les bonnes choses avec modération...

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Commentaires
V
Il y a tant à découvrir ! Ma foi...
L
@ Eric 2 : whaouhhhh !!! un peu de technique joliment exprimée ça fait pas de mal !<br /> alors pour le vin blanc : je suis une amoureuse du blanc, pas seulement de l'Alsace et je n'ai jamais mal à la tête. Il faut dire que sans doute je n'en bois pas assez!!! juste ce qu'il faut pour accompagner mon plat dans un repas.<br /> Pour ce qui est de tes conseils, il est vrai que si l'on ne s'intéresse pas beaucoup aux vins, que l'on doit préparer un dîner, bien souvent c'est la facilité le bordeaux ou le bourgogne connus. Quelquefois lorsque je propose une petite bouteille méconnue lors d'un repas ou même lorsque j'en apporte lors d'un apéro, les gens n'y prêtent pas attention, puis une fois qu'ils ont goûté ils me demandent tous où je l'ai eue et à quel prix (mais ça c'est typiquement parisien) et après ils en redemandent. Ils ont l'air surpris qu'un petit (tout petit) producteur puisse faire un aussi bon vin...<br /> Merci en tout cas de tes précieux conseils et sache que :<br /> - j'enregistre ta proposition de découverte, très bonne idée, j'ai "matière" à réunir et à faire déguster (;))<br /> - je suis très touchée par ton clin d'oeil sur ton blog, c'est vraiment cool et j'apprécie !
E
Coucou c'est re-remoi !<br /> <br /> Il faut que j'explique : le vin c'est complexe, oui et non.<br /> <br /> Les techniques actuelles rendent impossible de rater un vin, ou alors il faut le faire exprès comme dirait un ami oenophile. Techniquement parlant, presque tous les vins sont "conformes".<br /> <br /> MAIS ça n'est pas pour autant que le vin sera bon, ni vous plaira. Un vin doit posséder de la profondeur. Dans les régions viticoles de renom, ces vins sont très chers. Dans d'autres régions, ces vins sont presque au même prix que le vin de base, car l'absence de réputation bloque les prix. Il faut alors savoir détecter les "bons".<br /> <br /> J'aimerai beaucoup de tes lecteurs sachent que ces dernières années et avec les méthodes actuelles, il n'existe plus de petites régions de petits vins. Toutes les régions viticoles ont fait d'immense progrès, et on ne peut simplement plus comparer les vins d'il y a 20 ans et les actuels.<br /> <br /> Alors pour tous ceux qui ont la chance de vivre dans une région viticole, de grâce intéressez-vous aux vins de votre région, discutez avec les vignerons, ce sont des gens passionnants. <br /> <br /> Mais où aller ? Jamais au hasard ! <br /> <br /> Le point de départ serait par exemple une sélection rigoureuse comme celle du guide bettane et desseauve, puis par la suite vous ferez votre propre expérience. Je vous rassure je n'y ai pas d'actions, simplement ce guide est moins "tout le monde il est beau" que d'autres...<br /> <br /> Pour ceux qui n'ont pas de vin à proximité, c'est plus difficile, mais certains cavistes sont vraiment de très bons oenophiles, meilleurs conseillers que les sommeliers, car ils possèdent une connaissance plus pratique des gouts de leurs clients que de la technique du vin.<br /> <br /> Après, évidemment, vous aurez le caviste qui ne met pas du tout en avant les vins "hors bordeaux", bon ben ...trouvez-en un autre ! :)<br /> <br /> Enfin à l'adresse des parisiens : svp il existe d'autres vins que ceux de Loire et du Bordelais :)<br /> <br /> ...un petit plus : écrivez-moi et je vous enverrai une petite caisse de bon vin d'Alsace avec diaporamas et docs pour une séance de découverte sur-mesure ! rassemblez quelque curieux et hopla ! <br /> <br /> je ne fais pas de profit :) je suis un amateur tout simplement !
E
Dow Under écrivait : <br /> <br /> "les maux de têtes sont principalement dus à la quantité de souffre utilisée lors des fermentations (il y en a plus dans les liquoreux que dans les blancs secs, plus dans les blancs secs que dans les rouges)"<br /> <br /> ==> Bon, là faut quand même dire que les maux de tête, c'est dans la tête que ça se passe. On peut avoir mal à la tête pour de vrai même si ça n'est que psychosomatique ! Car les quantités de soufre dans la vinification ont tellement baissé qu'il n'est plus possible, de nos jours, d'avoir mal au crâne à cause du vin, même avec d'horribles piquettes en bouteille plastique. Sauf si vous en buvez trop; bien sûr... En plus, je crois que les produits d'adjonction, ils sont quand même 44 types de produits différents, font plus de mal que le peu de soufre. <br /> <br /> Le soufre est indispensable lors de la mise en bouteille, pour stabiliser le vin. Par contre, le raisin fermenté (le vin) contient un chouia de soufre de façon naturelle, d'où les mentions "contains soulfites" sur toutes les bouteilles y compris ceux qui n'en mettent même pas lors de la mise en bouteille.
L
@ Arrakis : le vin c'est complexe en effet, je n'ai pas la prétention de connaître le vin, seulement d'exprimer ce que je ressens et puis avouons le, j'aime bien naviguer à contre-courant et être surprise, pour l'Alsace oh que oui c'est à découvrir et crois moi je m'y emploie !<br /> Merci en tout cas à toi d'être venu jusqu'ici et comme je l'ai dit à Eric, mon prochain billet sera consacré ... à l'Alsace, étonnant non ?
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