chouette, c'est la recre !
En bonne mère indigne, je savoure ce moment. J'avoue j'y ai pensé un nombre incalculable de fois. Mais c'est arrivé ce satané samedi 14 février : ma plus jeune est partie en vacances ! Il faut que je précise qu'à 12 ans 1/2, elle aime à se nommer pré-ado. Quelqu'un pourra-t-il sans doute m'expliquer la frontière qui existe entre pré et ado tout court? Parce qu'en ce qui me concerne les symptômes sont les mêmes. Et ce n'est pas en lisant les époustouflants billets de Kaliuccia que je vais être rassurée sur la crise d'ado. Surtout dans le conflit permanent qui l'oppose à moi.
Une fois la valise bouclée (plus exactement une fois que la commode était entrée dans la valise), vint le moment tant attendu de l'argent de poche. Bien sûr, elle n'a pas fait d'économie ces 3 derniers mois, ben évidemment il y a eu Noël, et l'anniversaire de ses 3 copines. J'ai beau lui expliquer qu'elle a tout et n'a donc besoin de rien, surtout au ski, rien n'y fait. Ben, si elle n'a pas d'argent, elle ne pourra pas nous envoyer de carte postale ni nous rapporter de souvenirs. Damned, j'avais complètement écarté cette hypothèse.
Je jette un dernier coup d'oeil sur la valise, et m'aperçois qu'elle y a glissé 3 paire de Converse. Loin de moi l'idée de la dégoûter de l'uniforme des ados et des post ados, mais pour aller dans un endroit où il faut terminer la route avec des chaînes (autour des pneus), je tente de l'orienter sur des choses un peu plus chaudes. OK, elle en retire une paire...
La voilà donc partie, ouf, l'heure de la récré a sonné. Je vais enfin pouvoir m'occuper de moi. En bonne mère indigne. Je le suis. Enfin, tout sera consacré à ma petite personne. Ce dont j'ai envie et tout ce qui me passe par la tête. Un relooking du corps et de l'esprit.
Restau, ciné avec mon George, on va pouvoir s'éclater. Surtout que ça tombe plutôt bien pour le 14 février. Premier bilan, un week end comme les autres. Mon George il aime pas ce genre de fête, et je soupçonne même que ça le rende malade rien que d'y penser. Vous me direz c'est pas le jour qui compte, mais les 364 autres où les bouquets de fleurs pleuvent à la maison, et où les soirées sexe sont à répétition. Oui, je suis d'accord avec lui, je préfère les petites occasions aux grandes...
Bref la vie de château, les sorties entre copines en n'ayant pas besoin d'avoir le portable à la main. Ben oui car ces toujours ces soirées là, que les drames surgissent entre mon George et ma pré-ado. Non, ça ne peut pas être les 250 autres soirs, c'est toujours celui-là. A peine arrivée, mon téléphone commence à vibrer et je dois parlementer et user de tous les stratagèmes diplomatiques pour parvenir à manger mon plat et mon dessert. Là, pas de soucis, mon George sera seul pendant que je sors et il a tellement d'occupations, qu'il ne s'apercevra même pas que je ne suis pas là. Sauf peut-être au moment de me glisser dans le lit conjugal, quoi que.
Et puis je vais pouvoir traîner entre le boulot, les courses et la maison. Plus besoin d'avoir l'oeil rivé sur ma montre. Pas à jongler avec les horaires de cours, du sport, du dentiste. Chic une semaine sans horaires, même au boulot, pas nécessaire de regarder la pendule. Quoi que mon George c'est l'alarme perpétuelle au bureau. Alors... Je vais même avoir le temps de me prélasser dans mon bain, de me faire des soins et de ne pas répondre au téléphone qui sonne. Quoi que mon George il n'aime pas le téléphone...
Dans l'après-midi, insidieusement j'ai pensé à elle, je la savais bien arrivée mais je me demandais ce qu'elle faisait loin de moi. Voilà le danger. Il y a quelque temps c'était encore mon bébé, puis récemment son corps a changé, et je l'ai vu se transformer. Rien de dramatique, la vie normale quoi. Dans la vie de tous les jours, je pourrais traduire ça, par des engueulades perpétuelles, une incompréhension réciproque et le don de me faire sortir de mes gonds. Je ne peux pas comprendre tous les maux qui la rongent, je suis sur une autre planète d'après elle. Oui, quelquefois j'ai envie de l'expédier à l'autre bout de la terre, ou au pôle Nord pour que le froid la saisisse de temps en temps et qu'elle puisse reposer ses pieds (même chaussés de Converse) sur terre. Je me suis revue alors à son âge et j'ai balayé vite fait ma vie. Vite fait c'est pas tout a fait exact étant donné mon âge avancé. Mais j'avais pas de Converse. Nous on cassait les pieds à nos parents pour avoir des Kickers, et c'était bien laid.
Oui, c'est la récré et je suis même pas sortie dehors pour jouer, j'ai traîné lamentablement. Je suis restée auprès de mon George, tranquillement à savourer ces instants de calme et de paix et je me suis dit qu'elle me manquait, déjà. Et j'ai souri car je me rappelle que lorsque j'ai glissé un billet dans son sac à dos au moment du départ, j'ai aperçu la queue de sa Diddlina qui dépassait...
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