J'aime l'Alsace, son vin et ses Alsaciens ...
Souvenez-vous je vous avais confié que mon truc à moi c'était le pinard et vous aviez largement commenté, comme quoi le vin ça fait parler. C'est vrai que je suis plutôt différente des autres femmes. Ben oui, si vous me laissez traîner dans une grande surface, vous ne me trouverez pas au rayon beauté mais à celui des vins. Si, comme aujourd'hui, je me fais embarquer dans un magasin spécialisé pour donner mon avis sur les écrans plats, je m'éclipse vite fait bien fait pour aller repérer les caves à vins. Parce que c'est mon rêve d'en avoir une. A Paris, pas toujours évident de pouvoir servir un bon vin à bonne température, le vin n'y est pour rien, c'est juste que ma cave a dû contenir de l'eau dans une vie antérieure, elle est réfractaire à tout ce qui porte un bouchon en liège. Enfin, lorsque je pars en province, je cherche toujours des endroits où je puisse déguster. Vous aurez compris que mon shopping à moi, ce n'est pas les fringues mais les boutanches. Bref, après vous avoir expliqué ma passion pour le vin de Bordeaux ou de Bourgogne, je voulais rendre hommage à une contrée que j'ai découvert tardivement mais qui m'a ensorcelée.
Il n'y avait aucune raison que je découvre l'Alsace, non vraiment aucune. Personne dans mon entourage n'est originaire de cette région. J'ai donc grandi en n'y accordant que très peu d'enthousiasme jusqu'à un certain jour de 1989,où mes parents (les bougres savaient bien ce qu'ils faisaient) me proposèrent de les accompagner durant une semaine pour faire la route des vins dans ce coin. Cela ne me branchait pas plus que cela. Alors mon père, pour faire prendre la mayonnaise, me certifia que ce serait plaisant puisque nous ferions nos haltes dans de magnifiques petites auberges de charmantes petites villes. Il n'en fallait pas plus pour me décider.
A l'époque pas d'internet, je demandais à mon père l'itinéraire que nous allions suivre, alors il me tendit la carte :
Et voici ce que nous avons fait à l'aller : Colmar - Kaysersberg - Riquewihr - Ribeauvillé - le Haut Koenigsbourg - Obernai - Strasbourg, tandis qu'au retour nous avons poussé jusqu'à Gerardmer dans les Vosges.
Au delà de la beauté du décor, ce voyage ressemblait en tout point à une initiation. Ainsi j'appris à cet instant que l'on faisait du foie gras en Alsace. Vous riez sans doute, mais dans mon âme de jeune fille je ne l'aurais jamais imaginé avant de me déplacer là-bas. Mon père nous avait choisi de très bons endroits et nous fîmes des dégustations de plats de la région. Et j'ai commencé à découvrir le vignoble alsacien. Riesling, Gewurztraminer, Sylvaner, Muscat, Pinot gris et blanc, furent la base de mon apprentissage. J'aimais le Riesling pour sa finesse et son élégance, capable de se marier tout aussi bien avec du poisson qu'avec de la viande, je me délectais d'un Gewurztraminer, de son parfum et de son goût fruité, j'étais curieuse du Sylvaner que je classais volontiers dans le registre du "petit verre à prendre au comptoir", j'admirais la légèreté du Pinot blanc, à contrario j'étais époustouflée par le côté corsé du Pinot gris ou encore par l'arôme de fruits rouges du Pinot noir. Et tout ça concentré sur une seule et même région. Je compris alors que l'Alsace renfermait un véritable trésor.
Rentrée à Paris, je fus étonnée de ne pas trouver, dans les cartes de vins des restaurants, autant de choix sur l'Alsace que pour d'autres régions. Je m'en ouvrais à un ami restaurateur qui m'expliqua que l'Alsace se marie très bien avec des plats locaux (?). Autant dire, si vous souhaitez manger une choucroute vous prendrez un vin d'Alsace mais si vous prenez un poisson, vous ne vous orienterez pas forcément vers un blanc de cette région. Très regrettable et grosse erreur à mon goût. Depuis, je fais partie de celles qui optent contre vents et marées pour un Riesling ou un Gewurtz et qui défendent ces vignobles !
En 1990, je fus présentée à celui qui allait devenir mon beau-frère. Ma soeur l'avait rencontré à l'autre bout du monde mais il était alsacien ... et fin connaisseur. Depuis, j'ai affiné mes goûts. Il a une cave impressionnante, et comme tous les alsaciens, il a ses préférences et ses repères, privilégiant la petite structure à la grosse. Bref, grâce à lui, je me suis améliorée dans mes choix, j'ai eu accès à de très bons vins, j'ai pu investir dans des vendanges tardives abordables. Il m'a surtout convaincu que cela ne servait à rien de payer un vin très cher et qu'il valait mieux faire confiance aux gens du crû car très peu de vignerons font du très bon vin. Voilà comment régulièrement il se charge d'aller choisir et récupérer ces petits bijoux. Rien que pour ça, je ne remercierai jamais assez ma soeur...Il m'a surtout donné envie. Oui, quand il parle du vin de sa région, c'est comme si vous aviez un excellent prof d'histoire et que vous buviez ses paroles. Nous avons également évoqué le Crémant que, personnellement, je trouve fin comparativement à celui de Bourgogne. J'ai complètement intégré le vin alsacien dans ma cave et je le propose volontiers dans un dîner. Alors me direz-vous, pourquoi tant d'engouement ? Simplement parce que j'ai juste l'impression que la plupart d'entre nous ne le connait pas vraiment et juge un peu rapidement. Je ne sais pas si vous avez déjà testé le rouge alsacien. Sans doute pas ou pas très bien. C'est bien dommage en effet, à mon avis, de cantonner l'Alsace au seul et unique blanc, car en rouge, c'est vraiment pas mal du tout. Ainsi, si je vous dis Pinot noir, ça vous parle plus ? Eh bien, la prochaine fois, essayez donc avec une belle volaille ou une bonne viande rouge, n'hésitez pas à l'accorder avec du fromage. Oui mais pas du fromage sans goût, non celui qui tient au corps et en bouche, avec un bon Coulommiers par exemple et nous en reparlerons.
Après ce petit survol qui n'avait d'autre but que de vous faire partager mon enthousiasme pour certains vins que j'affectionne et qui manquent sans doute dans vos caves, n'imaginez pas que j'ai pu être payée pour faire une telle pub. Hélas non. C'est pourquoi je ne vous recommanderai aucune propriété ou aucune année en particulier (sauf pour le Pinot Noir 2003 ! ) mais je vous invite à aller faire un petit tour chez Eric, qui est à lui tout seul, une sorte d'encyclopédie accessible du vin d'Alsace et chez qui vous pourrez tout savoir sur tout. Enfin, cette année j'ai eu droit à une surprise lors de mon voyage au Canada. J'ai découvert le Vin de Glace. Je ne connaissais pas, ce vin dit de luxe. Il a fallu que je fasse plus de 5000 kms pour être impressionnée par cette méthode qui trouve ses origines en Allemagne et qui existe en Alsace !
J'espère simplement que ce petit récit vous aura permis de vous familiariser un peu plus avec cette magnifique région. Je tenais à souligner également que les alsaciens sont charmants et accueillants. Pourquoi préciser cela, est-ce bien nécessaire ? On ne sait jamais, il y a tellement d'idées reçues ... Il ne manquait plus qu'un peu de musique pour vous accompagner, alors mon choix s'est porté sur un groupe de rock local, je ne sais pas si leur passion à eux c'est le vin mais en tout cas, en ce qui me concerne, ça n'est pas prêt de changer.
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